Artiste non conventionnelle, tout m'intéresse et mon art est multifacette: plusieurs techniques, plusieurs supports. Ma démarche est spontanée, mes créations sont automatiques : une image, un texte, un son, apparaît dans ma tête. Ou alors c'est une couleur, un mot, une plante qui m'obsède. Et tout part de là. Mes créations viennent essentiellement de mon univers intérieur. Tout me parle et c'est naturellement que je m'intéresse à l'ésotérisme et à l'invisible. C'est pourquoi j'ai créé des oracles. Je propose également des portraits d'âme. C'est ce que je préfère dans mon travail. Le lien parfait entre mon art et le monde des esprits. Et aussi le lien parfait entre vous et moi: je peux représenter votre univers intérieur. Cette démarche est faite d'écoute, d'échanges d'énergies et de bienveillance.

L'ensemble de mon travail est visible sur mon site: https://sofyengel.wixsite.com/monsite

Je vis et je travaille à Nancy

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samedi 18 décembre 2021

Le départ de mes deux chattes, Gally et Lullaby

Lullaby, blanche et Gally, tigrée

Gally,
Je me suis endormie au-dessus de toi. Tu t’étais installée sous le lit pour ce dernier voyage.
Je me suis endormie triste et engourdie, me remémorant tous tes ronrons, tes miaulements faibles et tes gémissements au cours de cette soirée. La vie s’échappait de toi, une fuite que je ne pouvais pas arrêter en posant mes mains sur toi. Je voyais cet entrefilet de lumière et d’énergie, s’échapper irrémédiablement pendant que tu t’affaiblissais. Au toucher, toi le chat-arbre, tu devenais de plus en plus légère et évanescente tout en gardant ta douceur inaltérable et veloutée.
Je me suis endormie au-dessus de toi.
C’est dans la nuit que Denis m’a réveillé : « réveilles-toi, il faut dire au revoir à Gally » ; Il y avait une telle déchirure, une telle profondeur dans cette voix, qui contenait toute la densité que tu avais perdu.
Je me suis levée en continuant à dormir.
Tu n’avais pas vraiment l’air morte, mais pas vraiment vivante. Je me suis demandée si tu étais encore en vie. Il faut dire que je n’avais jamais vu d’être vivant qui venait de mourir. Je t’ai touché, tu étais toujours douce et chaude. Tes yeux étaient ouverts. J’ai voulu les fermer comme ont fait pour un humain, mais on ne peux pas fermer les yeux d’un chat mort. Je ne le savais pas. Et puis la mort a soudain répandu son odeur. Lullaby se tenait là avec nous, bien sage et solennelle. Nous avons déplacé le corps de Gally sur le balcon. Lullaby a vomi lorsqu’elle nous avons mis le corps dans un sac poubelle, plus mou et souple que jamais, abandonné. J’ai nettoyé, je crois, ou alors c’était peut-être Denis. Ensommeillée et choquée, j’étais un zombi qui venait de perdre un amour. Je me suis recouchée. J’ai entendu Denis caresser et rassurer Lullaby. Je me suis vaguement dis que j’aurais dû le faire moi-même, mais j’en étais bien incapable. J’étais très occupée à fermer les yeux pour me rendormir. Je me suis dis que je ne voulais pas de cette douleur. Et je me suis raconté : « peut-être, si je ne bouge pas et que je me rendors, il ne se sera rien passé ».
Il était 4h45 dans la nuit du 12 au 13 novembre. Je me suis réveillée ce samedi, sans mon arbre. Je ne dormais plus au-dessus de toi.
Denis m’a raconté qu’il t’avait tirée de dessous le lit quand tu as commencé ton grand saut. Il a posé sa tête sur ta poitrine, et a entendu ton cœur s’arrêter de battre. Une expérience unique, étrange et intense.
Lui a beaucoup pleuré. Il a pleuré comme si le monde s’ouvrait en deux.
Je n’ai pas pleuré, je n’étais pas là. Je pouvais regarder ma douleur de loin. J’ai pleuré plus tard, mais avec lancinance. Ces pleurs-là sont vicieux, ce sont les pires, mais je n’ai que ceux-là.
Je me suis endormie au-dessus de toi. Tu t’étais installée sous le lit pour ton dernier voyage.
Merci

Lullaby,
Avoir un autre chat est une aide précieuse lorsqu’on vient d’en perdre un.
Nous avons pris soin de toi. Tu venais aussi de perdre ton âme-sœur. Du même âge, vous vous êtes accompagnées depuis vos deux mois. On ne voulait pas que tu te sentes seule et délaissée, nous t’avons cajolé encore plus que d’habitude, et tu as fait pareil. Tu as redoublé de ronrons, de câlins-promenade, de discussions.
Je t’avais demandé un jour : « Mais comment je vais faire, quand tu ne seras plus là » ? Tu m’avais répondu : « mais je serai toujours là, j’ai toujours été là ».
Nous pensions, lorsque le départ de Gally deviendrait moins douloureux, amener un chaton. Ça t’aurait plu j’en suis sûre. Je pensais à la Minouchette, et j’espérais que tu égalerais sa longévité, 21 ans. Comme Gally, tu en avais 8.
Le mardi soir, le 16 novembre, tu as accouru à la porte le soir, d’habitude ce genre de bonjour était réservé à Gally, toi tu attendais toujours sagement ton tour. Le mercredi après-midi, comme chaque mercredi, je lisais sur le lit, avec toi contre moi, en écoutant les histoires dans ma tête. Je me suis dis avec tristesse que le mercredi d’avant, il y avait deux chats contre moi, en train d’écouter les histoires.
Le jeudi matin, au moment où je partais tu as eu un regard intense et profond comme je ne t’en avais eu, ce regard était plongé dans le mien. Ça m’a interpellé, cette communion sans mots, à ton initiative. Et je me suis dis « oh, tiens, un nouveau mot ». C’est un des aspects magiques entre moi et mes chats, le langage commun que nous nous apprenons mutuellement et qui nous permet de nos comprendre avec subtilité et justesse.
Le jeudi soir, le 18 novembre vers 17h, tu n’as pas accouru comme le mardi. Je t’ai appelé mais c’était un de ces soirs où tu dors si bien dans ton armoire que tu ne veux surtout pas bouger une patte, sachant bien que j’arriverais jusqu’à toi pour poser mes mains sur ton pelage soyeux. Je n’ai pas allumé la lumière parce qu’une lune magnifique brillait par la fenêtre. La pleine lune était le lendemain. Je me suis dis : « oh, je vais lui montrer la lune ». Le matin tu aimais bien que je te porte pour que tu regardes par la fenêtre les voitures passer pendant que je te racontais en chuchotant où elles pouvaient aller. Je n’étais pas sûre que tu verrais la lune, qui n’était pas en mouvement. L’appartement étais très silencieux et je me suis dirigée vers la chambre où tu te trouvais toujours. Pas de réaction à mes appels ni le moindre mouvement, j’ai pensé que tu devais vraiment dormir profondément au fond de l’armoire. Dans la pénombre, je t’ai aperçue allongée sur le sol près de l’armoire, dans mes vêtements dans lesquels tu t’étais fait un nid, comme souvent. Tu ne bougeais pas et j’ai allumé la lumière. Tu ne bougeais pas parce que tu étais morte. Allongée, détendue, les yeux ouverts, que je n’ai pas tenté de fermer cette fois-ci.
J’ai soudain eu le souffle court, une grande agitation, des palpitations, je me suis précipitée vers toi et je t’ai touché, tu étais tiède. Je ne pouvais que dire : « non, mon bébé, mais pourquoi ».
Je suis repartie dans le salon, cherchant mon souffle, incapable de rester assise au debout, il faisait froid à l’intérieur de moi. J’ai appelé Denis deux fois, qui en chemin n’entendait pas son téléphone. J’ai pensé soudain, que tu n’étais peut-être pas morte, je n’avais pas bien vérifié, on pouvait peut-être faire quelque chose, t’amener chez le vétérinaire. J’ai posé à nouveau la main sur toi, pas de vibration de vie, pas de cœur. Et toujours la même litanie : « non, mon bébé, mais pourquoi » ?
Je suis retournée dans le salon, envoyé quelques textos. J’ai rappelé Denis qui ne répondait pas, je lui ai laissé un message, il ne pouvait pas se retrouver devant le fait accompli en passant la porte. C’est sûrement le message le plus étrange que j’ai dû laisser sur un répondeur : « Lullaby… elle est morte » .
Je t’ai prise en photo, juste une fois. Et mal cadrée.
J’ai vu le corps sans vie de mes deux chats qui venaient de mourir en l’espace de 6 jours. J’ai dû porter ce corps et l’enrouler dans une serviette. Et refaire le chemin jusque chez le vétérinaire.
Le corps était déjà raide et les pattes tendues, elles étaient difficiles à faire rentrer dans le sac poubelle. J’ai porté ce sac jusque dans le coffre. Je sentais ton ventre, dur en surface, mais quelque chose s’agitait à l’intérieur de ces entrailles, un processus était en cours et j’ai retiré mes mains. Ce n’était plus ce petit ventre tout doux et chaud où mes mains pouvaient se perdre dans ta fourrure. Chez le vétérinaire, une patte avait troué le sac et commençait à dépasser. Tes griffes d’obsidienne fonctionnaient toujours. Jamais tu ne les utilisaient avec nous.
Je n’ai pas dormi cette nuit là, mon cœur palpitait comme s’il voulait s’enfuir, il n’a pas pu s‘échapper.
Je ne serai à jamais plus la même. Je ne sais plus qui je suis.
Je ne verrai plus jamais la lune de la même façon.
Je suis résignée et spectatrice de moi-même et du monde, depuis un mois.
C’était un rêve, ça n’a pas existé.

Jeudi 16 décembre 2021

dimanche 5 décembre 2021

Demain dès l'aube



Première prise de vue en janvier et février 2020 à Nancy
2ème prise de vue, par une autre personne, en Mars et avril 2020
 dans les Vosges.
Tirage 17x12 cm, octobre 2021