Artiste non conventionnelle, tout m'intéresse et mon art est multifacette: plusieurs techniques, plusieurs supports. Ma démarche est spontanée, mes créations sont automatiques : une image, un texte, un son, apparaît dans ma tête. Ou alors c'est une couleur, un mot, une plante qui m'obsède. Et tout part de là. Mes créations viennent essentiellement de mon univers intérieur. Tout me parle et c'est naturellement que je m'intéresse à l'ésotérisme et à l'invisible. C'est pourquoi j'ai créé des oracles. Je propose également des portraits d'âme. C'est ce que je préfère dans mon travail. Le lien parfait entre mon art et le monde des esprits. Et aussi le lien parfait entre vous et moi: je peux représenter votre univers intérieur. Cette démarche est faite d'écoute, d'échanges d'énergies et de bienveillance.

L'ensemble de mon travail est visible sur mon site: https://sofyengel.wixsite.com/monsite

Je vis et je travaille à Nancy

Siret: 808 464 887 00013


dimanche 10 octobre 2021

2021-2017

Mes évolutions spirituelles et psychologiques, à partir de 2017


Mardi 2 mars 2021

Comme un désespoir qui s’enflamme sur une scène aux 1000 lames
C’est sans aurore boréales.
Que trouver qui rappellerait la magie d’une écorce ?
Pourquoi se sentir responsable de la vie qui pousse, d’ajouter de la matière à la matière ? Je n’ai pas tant de poids.
Qu’ai-je donc commis d’irréversible ?
Tout se déconstruit dans mes certitudes


02/04/2020

J’avais tort de me focaliser sur cette joie que je n’ai pas.
Je ne suis pas la joie.
Je suis la mélancolie, la nostalgie, la poésie, la tristesse, la douleur, l’émerveillement et la tendresse, la pétillance.
Inutile de courir après la dictature de la joie car même la mélancolie et la tristesse sont des joies puisque ce sont des bonbons à goûter. Ils sont là en moi et demandent à être savourés. Jamais je n’ai pu faire partir ces émotions ou les contrôler. Je vais donc arrêter d’essayer et les siroter comme un roudoudou. Et sans jugement de valeur ou de rejet parce que ça ne correspondrait pas à une norme ou à ce que j’attendrais de moi.


Quelques jours avant l'arrêt du monde

02/03/2020, lundi

J’entends cette phrase de mes guides en me levant : "Le monde ne sera plus le même à la fin de cette semaine ".

09/03/2020, lundi

Pourquoi cette angoisse ?

Tu sens le goût de l’inéluctable, ce vide qui s’ouvre sous tes pieds, mais tu ne tombes pas.

Nous ne te dirons pas ton avenir.

Le monde s’est déjà tourné d’1/4 et la rotation n’est pas finie. Il y aura plusieurs rotations. Le prochain mouvement sera plus fort qu’1/4

Tu auras des désagréments émotionnels et énergétiques. C’est normal. Ne te pose pas de problèmes ou de résistances là-dessus.

Sois fière de vivre 2020, tout le monde n’a pas pu.

10/03/2020

C’est un tsunami qui avance, une destruction massive. Début aujourd’hui de la 2ème phase. Il faut s’accrocher au radeau, qui va se faire ballotter

12/03/2020, jeudi

Tu vois l’avenir s’ouvrir devant toi et la tempête apparaitre plus précise. Tu distingues ce qui était sous tes yeux et que tu ne voyais pas jusque-là.

On ne te donnera pas d’évènements précis, ça ne te sera pas utile, mais tu sais qu’il y en aura. Tu vois bien que tu es dans un grand 8. Bien attachée, tu ne risques rien, mais dans un grand 8 quand même et celui-ci est très costaud.


25/02/2020

J’ai commencé à vivre hors du temps. Plus de compartiments mais des rythmes. On a raison de dire que le temps n’existe pas, ce qui existe c’est le rythme. Inutile de regarder l’heure, inutile de vouloir parcourir telle distance en une durée inflexible. Il y a seulement l’instant, puis celui d’après, placé dans le rythme d’une émotion, d’une période, d’un lieu.

Cela résout la vieillesse et la mort. Il ne reste pas telle durée de temps à vivre. Il y a des rythmes qui changent. Un nouveau apparaît, un autre qui s’en va.

Je ne sais pas si cela résout la peur, mais ça libère de beaucoup de servitudes émotionnelles.



07/01/2020
 
Les rires attentifs et inexpliqués se saliront d’abord
Puis ils tisseront comme de l’or, un manteau de peur et d’effroi à suspendre au firmament
Claquements et contraintes
Nous enverrons vos plaintes
Vous enverrez vos liens
Remous de circonstances et papilles de sel et d’osier
Lentement fleurira le débat, le détour et le lent
Tu ne sais pas pourquoi tu formes tous ces liens mais ils feront ton bien, pour un rien
Attends-toi à de l’eau, des reins, des foies, et leurs veines aux embranchements suaves, ils te montreront le chemin
Gardes toi des symboles, comme les hiboux ils ne sont pas ce qu’ils semblent être
Vois et entends ton propre langage
Sur ces herbages,
Infiniment
Sur ces herbages,
Infiniment
Sur ces herbages,
Infiniment
Dans ta conscience s’élève le vent


26-29 novembre 2019

Les animaux, en dehors de leur nature n’ont rien à prouver. Ils n’ont pas besoin de prouver leur présence au monde. Ils n’ont rien à justifier, pas de place à prendre ou de traces à laisser.

Pas de bonheur, juste être.

En tant que moi je n’ai rien à prouver.

Désormais il n’y a que maintenant. Il n’y a plus d’après ni d’avant, il n’y a que maintenant. C’est maintenant que je sens mon souffle passer dans mes poumons, c’est maintenant que je peux compter mes phalanges, c’est maintenant que je ressens cette douleur à cet endroit précis, ces crispations c’est maintenant, cette vitalité de mon sang qui circule, de l’oxygène qui se transporte dans mes cellules, c’est maintenant.


Jeudi 5 décembre 2019

Après une journée mouvementée, lorsque savoure le moment présent, lorsque le monde me parle:


Je suis en vie.
Et je regarde cette fourrure douce se soulever et s’affaisser au rythme d’une respiration tranquille. C’est le chat à mes pieds sur le lit, c’est Gally et son pelage en écorce.
Dans l’armoire à côté, Lullaby est cachée.
Il fait encore jour, il est passé 16h. Mais le soleil ne brille plus. Gally, tout-à-l’heure était perchée sur le meuble, se prélassant au soleil pendant sa sieste.
Le ciel est blanc et lumineux, le contour des arbres est flou, une légère brume.
Pas de bruits aujourd’hui, c’est jour de grève.
Denis dans le salon chantonne et fait cliqueter les manettes de son casque VR. Borderland je suppose.
J’entends aussi un murmure de voiture et de chauffage central. Parfois Lullaby bouge et fait grincer l’armoire. Parfois c’est mon ventre qui s’exprime en même temps que le beau bruit du stylo qui écrit.
Je suis en vie.
Gally me regarde. Lullaby a commencé un brin de toilette, je l’entends.
Dans la petite télévision des années 80 posée sur la commode, ma lampe se reflète sur l’écran gris et bombé.
Il n’y a pas de vent. Une cheminée fume. Mon rhume s’en va.
La lampe se reflète aussi dans les prunelles vertes de Gally, comme une petite étoile. Elle me regarde, l’écriture l’intrigue, elle écoute les mots dans ma tête. Ces mots elle les comprend tous, mais pas toujours les concepts qui vont avec. Ce n’est pas grave, ni pour elle, ni pour moi.
Dans les étages de l’immeuble, quelqu’un marche et fait couler de l’eau.
Je suis en vie.



18 juin 2019


​J’ai l’énergie, la vitalité, l’ancrage, le moment présent. Mon corps et mon esprit raisonnent avec l’univers, mon âme chante.

Mais je ne comprends pas la vie. Pourquoi ma présence est requise ?
Je ne me sens pas en lien avec cette humanité. Avec cette nature, oui, mais pas avec cette humanité.
Il me semble que je n’ai plus rien. Je n’ai que la vie. Depuis le départ on nous apprend à conquérir, à devenir, à trouver une place. Alors qu’il n’y a que la vie. Mais on ne nous apprend pas cela. Je suis démunie de tant de vie.
Et si je laissais tout exister, sans destination, sans rencontre ? Pourquoi être dans l’action ? Pourquoi ne pas juste être dans l’envie ?
Mais que faire de soi lorsqu’il n’y a pas d’envies ? Pas d’envie, est-ce que c’est bien ou est-ce c’est mal ?
Je suis juste là pour faire l’expérience de la matière, sans but, sans destin, sans destination.


18/08/2019, dimanche

Un rêve:

Je suis à mon travail, je suis en conflit avec mes collègues et soudain je m’évanouis. Mais je ne suis pas inconsciente. Je suis debout, sans malaise. Sauf que… Autour de moi tout est figé, mes collègues sont immobiles au milieu de leurs phrases, de leur gestes, de leurs attitudes. Aucun tremblement, ce sont de parfaites statues. Il en est de même pour les objets, les feuilles sont en suspension, comme les grains de poussière. Plus aucun son, même si le silence n’est pas assourdissant. Je ne suis pas terrifiée, je suis parfaitement neutre et observatrice. Je n’entends ni ne sens mon coeur battre, je vérifie: pas de pouls, ni de souffle non plus. je touche du bout d’un doigt l’épaule d’une collègue immobile: la texture et la chaleur sont bien là, la vie est toujours là, mais elle inamovible.

Je me retourne. Je constate que les portes coupe-feu sont ouvertes et je vois le bout du long couloir de mon étage. Des collègues n’ont pas achevé le geste d’ouvrir une porte, d’attraper une photocopie.

Je teste: moi, je peux me déplacer, je peux bouger. Je vais jusqu’à mon bureau. Je vois mon téléphone, je peux le toucher mais pas l’attraper, l’écran tactile ne fonctionne pas.

Il me vient l’idée d’explorer et même de fouiner. Je vais dans les bureaux de différents chefs qui ont laissé leur porte ouverte. Je peux entrer, je peux voir ce qu’il y a sur leur écran d’ordinateur, sur les dossiers posés sur le bureau. Je fais le tour de chaque bureau et je regarde. Un peu stressée: si tout reprends vie et que je suis là où je ne dois pas être en train de regarder ce que je ne dois pas voir? Mais c’est trop grisant, je continue.

Je monte à l’étage des grands chefs, par chance toutes les portes sont ouvertes.

Puis je redescend au rez-de-chaussée. Les portes sont fermées, pas de sortie, je n’ai pas accès au dehors. Je regarde un pigeon stoppé dans son vol. Son oeil immobile me regarde.

Je ne peux pas sortir mais je n’ai ni faim, ni soif, ni sommeil. Donc ce n’est pas grave, je continue à explorer.

Je vais voir le caoutchouc qui trône sur le palier entre le 1er et le 2ème étage. J’aimais lui dire bonjour chaque matin lorsque je travaillais au 2ème étage. On s’aimait bien. Il y avait une secrétaire qui savait bien s’occuper de lui. Puis la secrétaire est partie en retraite et j’ai changé d’étage. Depuis il dépérit. Je vais le voir de temps en temps mais il ne va pas fort.

Je me demande soudain si je suis toute seule ici et si ma voix porte.

Je demande à haute voix et je m’entends clairement:

- Il y a quelqu’un?
- Oui!

Surprise, agacée et enthousiasmée, je cours au 2ème étage en demandant:

- Qui êtes-vous, qu’est-ce que vous êtes, où êtes-vous?
- Je suis Dieu

A ces mots je me laisse tomber et m’assois sur les marches en me disant dans ma tête: “Ah, c’est toi?”. Car je l’ai déjà croisé parfois. Il n’est pas très causant, ne réponds pas vraiment aux questions et quand il parle c’est rarement clair.

Je comprends que je dois rester ici et Dieu me rassure, j’aurai tout ce dont j’ai besoin. Je pense à une phrase de la Bible: “Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien”.

Je lui demande si j’aurai la liberté et la sécurité. Il me réponds: “mais tu les as déjà”. Je me rends compte qu’effectivement il ne peut rien m’arriver ici, mes besoins physiologiques sont couverts et je ne souffre pas. Mais je suis limitée dans l’espace, je ne peux pas ouvrir les portes ou casser les murs.

Tout d’un coup, j’ai une révélation!! Ce scénario dans lequel je me trouve est une métaphore de l’incarnation. J’ai la liberté et la sécurité dans les limites qui me sont imparties. Et en dernier recours il reste un ultime abri et espace de liberté: mon corps.

J’y repense un peu plus tard en réalisant que Dieu m’a parlé de manière intelligible et extrêmement profonde. Je me dis qu’il faudra trouver une offrande pour remercier. Et là, Dieu me parle à nouveau: “ton offrande, c’est toi. Tu dois te dois d’être ce que tu es vraiment, d’être accomplie, d’exercer ta liberté et de quitter l’adolescence”.


26/11/2017

Les esprits me disent:

« Ce sera pénible mais il ne t’arrivera rien.
Le chemin ne peut t’être révélé. Tu dois avoir une foi totale.
Nous serons toujours là et tu connais le chemin.
Je t’apporterai des voyages
Nous t’apporteront des voyages.
Tu reconnaîtras les odeurs et le goût des sorts que tu as toi-même inventé.
Longévité et prospérité sont à ta porte.
Regarde tous ces anges qui s’éveillent, qui s’éveillent à ta porte et que tu rencontreras.


26/11/2017

Je suis sur une planète aride et sans atmosphère, l'espace est sombre sur le sol pierreux. Des fleurs poussent sur mon passage. J'observe le phénomène avec intérêt. Je suis un esprit avec un corps, pas vraiment incarné, et je fais pousser des fleurs.

Je suis un esprit qui s'est matiérisé, je ne suis pas incarnée, je ne suis pas séparée du divin, je ne ressens pas le poids de la réalité ni son enferment. La fleur, elle, est incarnée. Elle ne se souvient pas qu'elle soit aussi un esprit avec un corps. Elle ressent le poids de la séparation, elle ressent que quelque chose lui manque sans savoir ce que c'est, elle ne se rappelle pas. C'est état de la fleur qui m'intrigue, moi l'esprit dans la matière de mon enveloppe mais non incarnée dedans.

Matiérisation et incarnation ne sont pas la même chose.

D'autres esprits se sont matièrisés et d'autres se sont incarnés.

J’ai été une dryade. Moi et mes semblables sommes rassemblés au clair de lune, au bord d'un lac, comme nous le faisons souvent. Ce soir est un soir particulier.

Les êtres incarnés veulent depuis longtemps déjà anéantir les esprits matièrisés. Les incarnés ne comprennent pas ce que nous sommes et pour cela nous sommes craint et rejetés, même si de notre côté nous sommes pacifistes.

La guerre qui se déroule atteints ce soir un paroxysme. Nous apercevons au loin, des torches. Ils sont venus en foule et en colère. Malgré cela, nous ne nous attendons pas à ce qui suivre. Le massacre et l'atteinte à la vie. Nous n'avons pas gagnés.

Nous n'avons pas pu partager, nous n'avons pas u nous entendre, nous n'avons pas pu continuer à être sans déséquilibre. La matiérisation ce soir-là a disparu, les êtres magiques resteront désormais immatériels. Ceux d'entre nous qui voudront expérimenter la matière seront forcés de s'incarner et de subir la séparation d'avec la source. Tout cela parce que des êtres n'ont pas supporté la différence et ont jalousés nos capacités au de se féliciter de celle qui sont les leurs.

C'est le soir où j'ai découvert la trahison, envers ce que j'étais, envers la vie, envers la source




C’est une planète blanche. Immense et éblouissante. Des reliefs aveuglants côtoient des plateaux miroitants et des champs de pierre gorgés de chaleur. C’est comme la planète Mars, mais blanche et avec une atmosphère. Le ciel est bleu vif, inondé d’un soleil implacable qui se réverbère sur les étendues couleur de craie. Je ne sais pas où regarder.

C’est loin. Tellement loin que je ne sais pas où je suis. Dans un western incolore peut-être, aux luminances chatoyantes et nostalgiques. Les paysages s’impriment en persistance rétinienne. Je flotte sur ces étendues chaudes et grandioses. Vertiges. C’est comme un réveil, une éclosion après long rêve bienfaisant. Il me reste des franges d’ailleurs au bord de la conscience. Je ne sais pas si je viens de perdre quelque chose ou de gagner du nouveau. J’émerge d’un songe et je découvre cette réalité inconnue. Je m’étire, écrasée d’été. C’est comme si la nature était en flammes et je viens de me retrouver là, sans souvenirs du voyage.

C’est loin. Tellement loin qu’ici je ne sens même pas d’esprits.

Partout où je vais, toujours je sens des esprits. Ils sont légions dans tous les recoins de tous les univers que j’ai pu découvrir lors de mes explorations intempestives. Partout on trouve des textures à foison, des couleurs, des photons, des particules, des consciences avec ou sans formes, des espace-temps plus ou moins denses. La réalité est d’une épaisseur palpable et sans cesse renouvelée, changeante, en mouvement. J’en ai visité des mondes! Tous sont empreints d’entités, de vibrations, de formes, d’ondes.

Mais Pas ici.

C’est un monde oublié, un monde aveuglant et vide, à l’écart des flux d’énergies, des systèmes solaires, des galaxies. Uniquement le choc frontal de grands espaces inconnus, implacables et pierreux. Mais aussi chauds et doux, immobiles. A la fois reposant et vaguement inquiétant.

Ici pas d’esprits. Je le ressens comme un vide, une absence, un creux à la place du cœur car je ne perçois que le minéral aride et avare de mots, de textures et de sentiments. Pas de couleurs, à part le bleu et le blanc, et les bords noirs et fins des contours nets, rudes sous les rayons du soleil. Un soleil que je ne connais pas.

Je sens une musique cependant, à peine perceptible. Certainement celle qui m’a permis le voyage, et me permet de le poursuivre tant que dureront les notes. Ce compagnon sonore et discret reste là comme un lien. Il me centre, il me guide. C’est grâce à lui que je m’acclimate à toute cette débauche de photons. Je distingue plus de détails, je vois des grains de poussière et des petits cailloux se soulever au souffle du vent, un vent ténu et intermittent. Une poussière qui danse sur les rebords des à-pics et la surface lisse des terrains vagues. Je me concentre sur le ballet intime de ces volutes que je n’entends pas. Il n’y a que cette musique que je sens pour habiller le décor. Les poussières de pierre sautent et tombent dans un ballet sans logique. Pas de végétations ou d’océans pour évaluer la force du vent que je ne sens pas sur ma peau et mes cheveux. Pas de référentiel ni de point de comparaison. Mon sens du toucher s’est mis en retrait pour laisser à mes yeux le plaisir de m’en mettre plein la vue et de boire les étendues.

Tandis que je contemple je perçois des mouvements différents. Comme des vagues minuscules sur les surfaces de rocs vierges, qui enflent doucement pour devenir palpitations. C’est un mirage sans doute, une distorsion atmosphérique due à la chaleur. Mais dans toutes les directions, très loin où je porte mon regard, le sol semble être devenu vivant. Il tremble et se déplace, formant à peine un relief avant de s’étaler à nouveau. Ce n’est pas le vent. Je ne sais pas nommer ce que je vois, je ne connais pas ce phénomène. Le sol prend vie et s’anime de plus en plus et lentement. Je n’ai pas peur, je suis dans une extase tranquille. Je regarde intéressée, je décortique, j’apprends. Je reste longtemps hypnotisée par ce phénomène dont l’intensité s’est stabilisée. Je flotte en suspens sur la musique en regardant ce film blanc et triste qui se déroule.

En même temps, je m’aventure un peu pour aller toucher les textures de l’univers au-delà de cette planète. Sa beauté diaphane contraste avec l’obscurité du vide spatial. C’est un phare isolé au milieu de l’obscurité sidérale. Il n’y a absolument aucun autre astre à des années-lumière. Il n’y a rien, tellement rien. C’est comme une nausée. Je n’ose pas explorer de peur de me perdre et de ne plus retrouver ce point d’attache blanc et rocailleux, inhabité peut-être. Je vais retourner sur ces escarpements et voir ce que le lieu à me dire ou à me monter, quelle danse nous allons composer ensemble et quels enseignements je vais trouver.

Sur la terre ferme la danse des cailloux forme de plus en plus de creux et de bosses qui s’agitent en remous de plus en plus intenses. On dirait que le vent est un marionnettiste de sable et de roche, donnant vie à l’immensité minérale. Soudain, je distingue des traits noirs qui apparaissent depuis le sol et ondulent. Quelqu’un dessine des contours avec les rafales de vent et tracent des personnages encore abstraits. Des gribouillis taillés d’une main sûre, invisible et artistique. Aucune forme précise. les traits disparaissent par intervalles suivant le flux et le reflux des bourrasques. Ces lignes à l’encre de Chine sont aussi immenses que les plaines granitiques sur lesquelles elles s’étirent. Le contraste avec le blanc me permet de les distinguer avec une précision absolue.

Le ballet continue longtemps et le dessin change imperceptiblement. Des formes apparaissent, imprécises. Des structures informes, indéfinies, semblent se lever du sol là où juste avant elles étaient si platement étalées qu’on ne les distinguaient pas. Elles ne tiennent pas longtemps debout mais un océan de personnages flous à la taille indéfinie se matérialise. Ce n’est plus juste une petite brise de poussière. Quelque chose émerge, quelque chose de palpable qui deviendra bientôt définissable. Je suis prise d’une immense fascination et de curiosité. Qu’est-ce qui est en train de naître? Qu’est-ce qui apparaît à l’infini, à la surface des terrains vagues et des montagnes? Le sol prend vie, péniblement et par à-coup, dans toutes les directions. Une myriade de personnages abstraits m’entoure, sans faire attention à ma présence, tant occupée à prendre vie.

C’est désormais une foule de traits noirs sur le décor blanc. C’est une foule de personnages tenant à la fois de la fleur stylisée et du bonhomme dessiné sur un coin de papier. Les formes sont courbes et rondes et semblent se mettre debout. Ces personnages sont à la fois nets et précis et mouvants dans leurs contours. Ils sont en 2 dimensions mais ne paraissent pas plats. C’est une forêt de fantômes qui s’aventurent vers moi, ils arrivent de tous les côtés, je suis au centre de leur migration. Je ne ressens que de la tranquillité, comme si je regardais une représentation théâtrale. Les personnages aussi me regardent comme si c’était moi la représentation. Je les sens intrigués. Je ne sais pas comment je peux nommer ce que je vois, si contrasté et si indéfini. Ces personnages ont un visage mais n’ont pas l’air d’avoir de traits, pas vraiment de bouche ou de nez, des yeux peut-être. Ils semblent avoir des mains et se déplacent comme des roseaux qui flottent au vent. Ils sont un nombre inestimable et totalement silencieux. Ils sont exaltants. Ils se glissent vers moi et m’entourent, je suis emmitouflée dans une marée blanche. Certains passent sous moi et je me sens flotter, comme dans l’eau du bain, je regarde le plafond de ciel bleu et la décomposition des rayons du soleil derrière mes cils. Doucement ils me soulèvent et je ressens certaines de leurs émotions. Ils se rassemblent de toute part de toute la surface de cette planète pour converger vers moi. Que suis-je? Qui suis-je? Comment suis-je arrivée là? Ils sont un seul organisme constitué de milliards d’individualités, à l’égo dilué dans la multitude et l’indolence propre à ce monde.

Il ya comme des remous qui m’entourent, comme des massages, des vagues de mouvement. Je suis sur des rails faits de personnages de papier solide. Ils me transportent, ils m'emmènent. Je suis couchée sur eux, j’entends leurs vibrations de vies silencieuses et de vent. Nous nous déplaçons, leur contact sur ma peau est comme une brise. Je me sens comme dans un lit qui vient d’être fait, aux draps propres et sans plis, au moelleux de nuages et de senteurs de prairies. C’est un ravissement.

Ils me posent en leur centre, le visage est plus précis mais il ne comporte que des yeux, ronds et curieux, comme ceux d’un chat avec des accents de philosophie. Ils ont des bras très fins et des mains qui ressemblent à de grandes feuilles d’arbres. Ils n’ont pas de jambes, ni de pieds. leur corps ne commencent pas sur le sol mais ils ont plutôt l’air d’en émerger, comme une plante dans un champ.

Je comprends qu’ils veulent me parler. leur regard est braqué sur moi, sur mon regard qu’ils cherchent à capter. L’intensité de l’échange dure une éternité, ou bien quelques secondes. Ils se tiennent ensuite tous par leur main-feuille et les plus proches les posent sur moi. La musique lointaine devient un rythme binaural, au volume très bas mais insistant. Ce rythme s’accroche à ma concentration, mon attention, mes perceptions. Il emplit ma tête, mon esprit et mon corps. Le son devient lumière, un peu fluorescente sur le blanc environnant, des nervures brillantes et fluorescentes sous forme d’informations. Je ressens l’éternité de ces créatures, leur amitié avec le vent et la pierre, leur découverte de tant couleurs qui se trouvent dans ma mémoire et pas dans la leur. Ils sont le paysage et le son de la vie, ils sont le roc et l’ici et maintenant qui dure depuis toujours sans que rien ne bouleverse le cours des événements. Ils n’ont pas de nom, ignorent le concept d’identité et d’espèce. Ils emmagasinent ce que je suis, l’humain, sa culture, La Terre. Ils ne feront rien de tout cela mais le garderont précieusement comme lorsqu’on ramasse un caillou ou une feuille parce qu’on les trouve beau. Ils ont un nouveau trésor dans la bibliothèque bienheureuse, intense et calme de leur existence. Ils pourront quand bon leur semble, caresser de leurs émotions ces concepts et ces réalités. Ils viendra alors peut-être une bouche pour esquisser un sourire de bonheur avant de s’étaler à nouveau sur la pierre et s’y fondre jusqu’à la prochaine bourrasque.

Ils me transportent toujours et me déplacent encore. Nous arrivons en masse virevoltante vers un arbre. Pas très grand, blanc aux traits noirs, du même graphisme que toutes ces créatures qui me portent en sensations de coussinets de chats, délicats et doux sur ma peau, avec l’intensité d’un félin. L’arbre a une forme d’arbre mais son regard intérieur, qu’il porte sur mon âme est le même que celui de tous ces personnages. Se sentir regardé par un arbre, quelle agréable sensation. Toute l’assemblée me fait comprendre que c’est un échange, un remerciement pour ma présence et mes informations. Ils vont me connecter à l’arbre, qui est le coeur de leur population, leur coeur vibrant et pulsant. Ses battements que j’entends même si ce ne sont pas de vrais sons mais des intentions de sons, redoublent de fréquence et de volume.

Je touche l’arbre qui devient vibrant et luminescent. Tous les traits, tous les contours deviennent des lignes lumineuses sur fond de nuit. Ce sont les connexions de consciences, un tissage de lumières qui s’étirent à l’infini. J’entends toutes les musiques, tous les chants, toutes les souffrances et toutes les joies. C’est une sidération immense qui dure longtemps et une seconde en même temps.

Je sursaute! Je suis dans mon lit, de retour à ma réalité. Mais je pourrai revenir, comme je le souhaite, sur la planète blanche.


20/11/2017, lundi

Dialogue avec un esprit:

Je lui dis qu’il me semble que personne n’est comme moi et il me répond : “oui, tu n’es pas répertoriée”

Sur mon sentiment de ne pas être à ma place et que mon savoir n’intéresse personne : “Peu importe la légitimité, peu importe. Donne à la Terre. Communique avec l’esprit de la Terre, elle t’attend, il lui tarde de retrouver.”

Quelques temps plus tard, je rencontre l'esprit de la Terre. Je me rends compte que je la connais très bien. Ce sont des retrouvailles. L’Esprit de la Terre est une flamme bleue, lumineuse et rieuse avec un regard espiègle.


01/10/2017, dimanche

Des phrases consolatrices:

Le chemin de la transformation » Eva Pierrakos
« Vous vous heurtez constamment à des problèmes et à des schémas négatifs qui ont leur origine dans votre tentative de reproduire les situations vécues pendant l’enfance, de façon à les corriger ».

« Puisque l’enfant ne peut pas pardonner et comprendre il crée toujours des conditions analogues où il essaye d’avoir le dernier mot et de finir par maîtriser la situation au lieu de succomber »


« Je suis une fille de l’hiver » Laurie Alse Anderson:
« Quand on est vivant, les gens peuvent nous faire du mal. Il est plus facile de se réfugier dans une cage en os, une congère ou dans la confusion. Plus facile d’enfermer tout le monde dehors. Mais c’est un mensonge »

« Je suis furieuse (…) d’être restée dans mon lit, à frissonner la nuit au lieu d’aller danser, de lire de la poésie, de manger des glaces ou bien d’embrasser un garçon ou peut-être même une fille aux lèvres douces et aux mains fortes. »

« Il n’y a pas de remède miracle, rien qui puisse tout effacer pour toujours. Il n’y a que de petits pas en avant, une journée plus facile, un rire inattendu (…) »

28/09/2017, jeudi

Le pardon
Je viens de voir un reportage sur une jumelle déportée à Auschwitz enfant, avec sa sœur. Il y avait Mengele, des expériences médicales, de la souffrance. Et aussi un autre médecin.
Beaucoup plus tard, la sœur survivante est allée voir ce médecin et lui a dit qu’elle lui pardonnait. Un peu plus tard encore, elle s’est dit seule chez elle qu’elle pardonnait à Mengele.
 
Je ne sais pas pardonner. Pourtant quelqu’un a pu, à qui il est arrivé pire qu’à moi.
Mais pardonner quoi et à qui finalement ? Tout à tout le monde ? Rien à personne ?
 
Je me dis que le problème, ce sont mes parents. Je leur en veux de s’être aimés, de m’avoir embarquée dans cette histoire. Je leur en veux car je n’avais rien à voir avec tout ça. Qu’est-ce qu’ils me voulaient donc ? Ils pouvaient se passer de moi.
C’est comme si j’étais leur preuve, leur justification, leur objet.
  
Je leur en veux d’avoir donné tant de sens à chaque particule, au point que je puisse pleurer devant un grain de sable. 
Je leur en veux de la solitude, des errances, des rages, des violences. 
Je leur en veux de ce monde si grand qu’ils ont refusé de me monter.
Je leur en veux de tous les échos des générations passées. 
Les pauvretés, les laideurs. Tout ce qui me rappelle la préhistoire, sans grotte, avant le feu, sans écriture pour se rassurer. 
Je leur en veux de ne pas savoir être différente d’eux, et que comme eux, je n’arrive jamais à rien de ce que je voulais.
 
J’en veux aux Dieux de m’aimer. Je leur en veux d’attendre quelque chose de moi, je leur en veux d’avoir besoin de moi.
Je leur en veux d’aimer la vie plus que moi.
 
J’en veux à mes sens, à ma mémoire d’un traumatisme originel dont je ne me souviens pas.
 
J’en veux à tous ceux qui ont croisé ma route, qui ont entaillé mon marbre lisse, en bien ou en mal.
Je leur en veux de les avoir aimés, je leur en veux de les avoir haïs. Je leur en veux d’avoir dû les abandonner. Je leur en veux d’avoir dû les garder.
Je leur en veux pour mon absence de joie, d’espoirs, d’envies.
 
Je ne m’en veux pas à moi. Je suis la seule et unique contre qui je n’ai aucune rancune. Pourquoi ?
Je ne suis pas la source de ma rage. Je ne suis pas la source de ma tristesse, je ne suis pas la source de mon absence de joie.
 
Je ne suis même pas la source de mes créations. Ce n’est pas celle qui écrit ces lignes qui peut créer de si subtils objets, capables de m’émouvoir. Pourtant, si, c’est bien moi. Mais où suis-je, moi, pendant que je ne m’en veux toujours pas.
 
J’en veux à la vie de nous laisser face à nous-même. Que sommes-nous censés faire de nous, des autres et du monde ? Il n’y a rien à jouir, on ne peut rien construire. Que sommes-nous censés ressentir devant l’absurdité mystérieuse ? Comment pourrions-nous être autre chose que ces fœtus recroquevillés ?
 
J’en veux à la vie d’exister, d’avoir fait le bon choix pour moi-même mais de ne pas pouvoir m’en rappeler. Je m’en veux d’avoir oublié comment jouir de moi-même, comment aimer, comment danser. Je m’en veux de m’être trahie pour cause d’interface obsolète : cet extraordinaire cerveau qui refuse de me laisser entrer dans mes propres souvenirs.